Valerian et la Cité des milles planètes : une réussite visuelle pas scénaristique

Le cinéma français a toujours entretenu un rapport conflictuel avec Luc Besson. Enfant terrible de la profession, c’est surtout l’œil des critiques qui lui a valu maintes polémiques. Cependant, le réalisateur s’est lancé un véritable défi avec le film Valérian et la Cité des milles planètes. Avec un budget de 197 millions d’euros il s’agit du film français le plus cher de l’histoire. L’équation est simple : si le film fait un flop, EuropaCorp la société gérée par Luc Besson fermera pour cause de faillite. Voyons ensemble ce qu’il en est.

Synopsis de Valérian et la Cité des milles planètes

Au 28ème siècle, Valérian et Laureline forment une équipe d’agents spatio-temporels chargés de maintenir l’ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l’extraordinaire cité intergalactique Alpha – une métropole en constante expansion où des espèces venues de l’univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d’Alpha, une force obscure qui menace l’existence paisible de la Cité des Mille Planètes. Valérian et Laureline vont devoir engager une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauvegarder non seulement Alpha, mais l’avenir de l’univers.

Critique de Valérian et la Cité des milles planètes

Pour les non-lecteurs de la bande dessinée des années 70, il est assez complexe de se figurer les enjeux du monde de Valérian. Pourtant, le passage d’introduction est très ludique : tout en silence le film montre d’abord les différents genres humains collaborer à la mission spatiale puis les espèces extra-terrestres via un symbole : le serrage de mains. Le reste de l’introduction tombe tel un cheveu sur la soupe. Valérian et Laureline sont présentés de façon très succincte et le spectateur mettra du temps à s’attacher à ces personnages.

Valérian et la Cité des milles planètes DeHaan Delevigne

La réalisation se montre quant à elle être très fonctionnelle, ne prenant pas de réels risques. En revanche, le duo d’acteurs Dane DeHaan et Cara Delevigne forment un couple intéressant. Si Dane DeHaan est très bon, il est, par instants, éclipsé par une Laureline rayonnante et charismatique. Par ailleurs, comme pour les histoires de bande dessinée, le couple prend toute la lumière au détriment du reste.

Il est par ailleurs dommage que certaines apparitions relèvent de l’anecdote comme le personnage de Bubble incarné par la chanteuse Rihanna. Le personnage a le mérite d’être intéressant mais est totalement écarté de la diégèse sans aucune raison scénaristique. De même, l’histoire est parsemée d’incohérences qui viennent perturber l’expérience du spectateur et rendre celle-ci suffisamment fragile pour la mettre en péril.

Valérian et la Cité des milles planètes Rihanna

Les points faibles du film

Le problème majeur de Valérian et la Cité des milles planètes repose dans son scénario. Celui-ci met un temps considérable a se mettre en place et de nombreuses incohérences viennent le perturber. Ainsi, certains personnages mériteraient d’être approfondis comme le Commandeur qui est jeté en pâture au sein de l’histoire. Pourtant, celui-ci aurait sans doute mérité 5 minutes de background afin de comprendre l’ensemble de ses motivations. Le film, s’il avait été tourné autrement, aurait pu trouver un juste équilibre entre l’exposition et le déroulement de l’intrigue. Besson a fait le choix de l’histoire, ce qui est somme toute courageux, mais il le paie au détriment d’une compréhension globale.

En revanche les autres points faibles du film sont inhérents au réalisateur. C’est à cause du choix qu’a fait Besson de tourner l’ensemble du film sur fond vert à la Cité du cinéma. Ne vous méprenez pas, le film est splendide à tout point de vue, mais il finit par être complètement fade une fois la phase de contemplation terminée. D’un point de vue totalement personnel, le film aurait eu plus de caractère s’il y avait eu un passage montrant des quartiers ou des bas-fonds, comme dans le Cinquième Élément. Ici, chacune des races extra-terrestres présentes au sein de la Cité sont a peu près laissées pour compte par manque de temps pour tout développer.

Enfin le dernier reproche qui pourrait être fait à Luc Besson se fait sous l’angle de son œuvre globale. Il y a, au sein de l’histoire, des ficelles narratives que le réalisateur français aime utiliser. Le coup du minuteur de la bombe qui s’arrête une seconde avant son déclenchement est quasiment devenu un classique. De même, à l’instar du Cinquième Élément, Valérian n’arrive pas réellement à se détacher du ton léger insufflé au sein de l’histoire. Même si cela est plaisant, le scénario et le film ne parviennent pas à créer une tension au moment du climax. Par conséquent, le spectateur ne sent jamais les personnages principaux en situation de péril.

Valérian et la Cité des milles planètes paysages

Les points forts du film

Malgré cela, Valérian et la Cité des milles planètes est un bon film et un excellent divertissement. En atteste cette séquence complètement hallucinante au début du film, pour le début de mission de Valérian et Laureline. Dans un passage qui mêle une technologie mêlant réalité augmentée et réalité mixte, Besson réalise un véritable coup de force scénaristique qui laissera plus d’un spectateur pantois d’incompréhension et d’admiration. C’est par ailleurs une des mécaniques de réalisation que c’est approprié Luc Besson. Tout au sein du film a un aspect vidéoludique avec comme exemple simple et universel : lumière rouge = danger.

Le point fort majeur du film reste tout de même sa beauté. Même si cet aspect peut se révéler être à double tranchant, l’ensemble des mondes proposés sont époustouflant. Que ce soit les planètes extra-terrestres chacune différente, ou bien même la Cité des milles planètes, tout est beau. Ainsi, la gigantesque station spatiale où vivent en harmonie toutes les races est réellement tentaculaire. Il est vrai que parfois le fond vert est grossier à tel point qu’il est impossible de le manquer. Cependant, le film via ces procédés se hisse très aisément à l’instar de super productions américaines ayant un budget bien plus conséquent.

Enfin, l’un des autres points forts du film se révèle être le duo Valérian et Laureline. D’emblée, le film fait le choix de ne pas les introduire, mais de les mettre en avant comme ayant déjà leurs habitudes. Si le parti pris est osé, la relation de complicité établie entre les deux acteurs est une véritable réussite. Les deux acteurs vampirisent l’attention au détriment des autres personnages mais leur duo se révèle être exceptionnel.

La note de Valérian et la Cité des milles planètes : 14/20

Au contraire de certains confrères qui vomissent littéralement sur le film de Luc Besson, nous pensons que Valérian et la Cité des milles planètes vaut le coup d’oeil. Même si le scénario n’est pas d’une grande profondeur et la fin bien trop légère, le divertissement est excellent. Durant les deux heures de film vous aurez toujours quelque chose à regarder. Soit les décors, soit l’action, soit les performances d’un acteur en particulier. Vous pourriez tomber très rapidement sous le charme de Rihanna dans sa performance et son morceau de bravoure.

Il est vrai que la structure narrative du film a beaucoup de similitudes avec le Cinquième Élément. Preuve que Besson a eu tendance a légèrement se reposer sur ses lauriers et a eu une paresse créative. Malgré son ratage au box-office américain, le film a eu le deuxième meilleur démarrage en France. Reste à savoir si les critiques du public seront bien plus positives que celles de la presse.

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