Logan : Hollywood aime défaire ses icônes

Hugh Jackman n’en faisait pas un secret : il a fait le tour du personnage de Wolverine. Il ne se cachait pas d’ailleurs de vouloir raccrocher les griffes pour voir de nouvelles choses. Cependant, il a fallu offrir une sortie honorable à l’acteur australien pour qu’il laisse le mutant canadien dans les annales du cinéma. Avec James Mangold aux commandes Logan promettait d’être un road trip initiatique un peu convenu reprenant le fameux comics Old Man Logan. Qu’en est-il ?

Synopsis : 

Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.

Mon Avis :

Dès la première bande d’annonce le ton a été donné. Des paysages désertiques, des personnages marqués par le temps et en fond sonore la musique Hurt de Johnny Cash pour montrer le côté désespéré du monde dans lequel les personnages évoluent. Dès les premières minutes, le film met le spectateur aux prises avec cet univers violent. Les scènes d’actions sont d’entrée crues, impitoyables : ce monde est désespéré.

Logan mon avis

La violence de ce film n’est pas gratuite, elle est viscéralement présente au sein de la diégèse. Tout est violence dans Logan, même les actions les plus simples requièrent un effort douloureux. Les détails sont même faits pour montrer que le super-héros n’est plus. Logan tousse, boîte, s’essouffle et est bien moins fringant que ce qu’il a été.

Pendant la première demi-heure du film tout un travail de contexte est effectué. L’histoire se déroule en 2029 et les États-Unis ont subi un nouveau traumatisme sur leur sol et se sont fermés aux autres. Logan vit à la frontière mexicaine avec Caliban un albinos mutant capable de détecter ses congénères. Les deux cachent et protègent le Professeur Xavier qui devient sénile et cause des dommages via son pouvoir psychique.

Logan Caliban

Points Faibles de Logan

Il est tout de même dommageable que ce film manque de contexte. Cependant, le procédé est à double tranchant : lorsque le contexte est donné, les gens râlent et lorsqu’il est caché le public râle. Pourtant le scénario joue parfaitement avec le contexte : il distille suffisamment d’éléments pour comprendre que quelque chose s’est passé, mais sans plus de précisions.

L’autre point faible majeur du film est la musique majoritairement transparente et convenue dans le film. Alors que la première bande d’annonce comportait un chef d’oeuvre musical de Johnny Cash qui collait parfaitement à l’ambiance, la musique dans le film est plate. Celle-ci ne dispose d’aucune réelle personnalité qui aurait pu illuminer certains passages contemplatifs.

Logan méchants

Enfin le dernier point faible du film réside dans l’absence de bad-guy importants. Si Boyd Hoolbrook en Donald Pierce dispose d’une présence à l’écran remarquable, mais il ne reste qu’un mercenaire. Certes le parti pris du film faisant que Logan est moins fringant par rapport a ses jeunes années rend le fait d’avoir un méchant important caduque. Il est cependant dommage que ce parti pris bloque une possibilité importante de tension narrative.

Points Forts de Logan

Logan acteurs

Bon évidemment il faut débuter cette partie par les performances des trois acteurs majeurs : Hugh Jackman et Patrick Stewart. En ce qui concerne Dafne Keen, il sera nécessaire de faire un aparté sur le travail de la jeune actrice.

Tout d’abord, débutons par l’immense Patrick Stewart qui a incarné depuis près de 15 ans un Professeur Xavier bienveillant, tel un guide pour chacun des mutants qu’il a rencontré. Ce personnage n’existe plus ! Si le personnage du professeur est affaibli et devient peu à peu sénile, la caractérisation du personnage est bouleversée. Celui-ci répète des « fuck » à longueur de répliques et si il reste bienveillant envers Laura/ X-23, il a une toute autre relation avec Logan. En bref Patrick Stewart nous apporte une dernière interprétation brillante du Professeur Xavier avant sa sortie de piste. Après l’énorme performance de James McAvoy dans Split, le public peut être rassuré, le Professeur Xavier à de beaux jours devant lui au cinéma.

Logan Patrick Stewart

Ce constat ne s’applique pas pour Wolverine. Depuis un bon moment, Hugh Jackman a annoncé avoir fait le tour de son personnage et exprimé son désir de laisser la place. Logan était donc l’occasion pour l’acteur australien de partir sur une bonne note et pour cela l’acteur s’en est donné les moyens. L’animal sauvage qu’était Wolverine, passé par un homme rodé à la culture japonaise devient un homme marqué par le temps. La misanthropie latente du mutant est exacerbée et pour cela il n’est plus question de se battre. Hugh Jackman tousse, souffre et boîte, bref il est arrivé au bout du chemin. Même les cascades sont moins dans la tendance aux sauts périlleux, celles-ci sont à l’échelle humaine. En bref, Logan est certainement la plus belle sortie possible pour Hugh Jackman.

Logan X-23

Enfin, terminons l’analyse des acteurs par la remarquable performance de Dafnee Keen. Pour sa première apparition à l’écran, la jeune actrice est tout de même formidable. Tout d’abord par son double jeu, d’un côté petite fille sage, mais terrée dans son mutisme et de l’autre animale sauvage qui charcute chaque personnage qui porte atteinte à son intégrité. Ce qui est remarquable chez la jeune actrice, c’est sa faculté d’adaptation dans les différentes scènes. Elle ne se contente pas de massacrer, elle peut être également touchante. Autre point positif, c’est le fait que la jeune actrice fasse elle-même des cascades. Il est donc probable que vu la dimension qu’elle a donné au personnage d’X-23, il est possible que ce dernier revienne.

Analyse du Scénario de Logan

Le scénario du film se voudrait être inspiré du fameux comics « Old Man Logan » l’une des aventures les plus appréciées des fans de Wolverine. Pourtant le scénario n’a rien à voir puisque malgré la qualité du comics, ce dernier est purement et simplement inadaptable au cinéma pour beaucoup de raisons. C’est pour cela que le scénario a préféré opter pour quelque chose de plus original, mais qui reste dans le contexte de l’univers cinématographique des X-Mens.

Logan Old man Logan

En ce qui concerne la nouvelle forme du scénario, comme la bande d’annonce le laissait présager, celui-ci s’oriente vers un road trip au travers des États-Unis. A certains moments, le film présente même de troublantes ressemblances avec le jeu vidéo The Last Of Us. Alors oui cela s’explique par le fait qu’il y ait certains points communs dans les thèmes, que ce soit la traversée des États-Unis dans un monde dystopique ou même la relation père/fille.

Enfin, la réalisation permet de sublimer certaines scènes. Tout d’abord les moments d’émotions qui sont très rares, mais en même temps splendides. Par exemple, le dîner chez la famille qui accueille pour un soir Logan, Charles-Xavier et Laura. Celui-ci offre une parenthèse dans le film qui est même débarrassé par la couleur orangée qui régit le road trip. De même, lors des « crises » du Professeur Xavier la réalisation aide à montrer comment le monde bouge et que tout est chamboulé.

Logan émotions

La note de Logan : 19/20

Ce n’est peut-être pas pour la critique spécialisée ou le grand public un bijou du cinéma, cependant à l’échelle des films de « super-héros » Logan constitue un véritable tournant. James Mangold a décidé de tourner le dos aux principes cinématographiques mis en avant par les studios Marvel avec un ton léger. Le film est bien plus dur et brutal. Les personnages ne réfléchissent pas à hauteur de dieux comme cela pouvait l’être pour les films DC Comics, ils réfléchissent à hauteur d’hommes. Ils ne sont rien de moins que des êtres parmi tant d’autres qui ont été exceptionnels auparavant, mais qui n’appartiennent plus à cet âge.

C’est d’ailleurs toute la réflexion proposée à travers Logan qui critique les comics et les « raconteurs » d’histoires qui se moque des résurrections anarchiques des comics. Ce constat laisse présager de la fin de l’histoire et offre probablement l’une des plus belles fins de film de super-héros. L’oeuvre a un début, une fin et ne laisse pas présager une suite éventuelle.

Et vous qu’en pensé?

Sources

http://www.ecranlarge.com/films/news/981271-james-mangold-le-realisateur-de-logan-dit-tout-le-mal-qu-il-pense-des-gros-blockbusters

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=225116.html

http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18640757.html

2 réflexions sur “Logan : Hollywood aime défaire ses icônes

  1. Un bel article qui donne envie de voir le film… Malgré le fait que je ne suis pas du tout un fan de Logan (le super-héros). Mais là, comme tu dis qu’il ne joue pas dans ce registre, cela peut être vraiment intéressant !

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